16-1-2005

 

Hartmut Richter

(geb. 1948) 

L'évadé de Berlin-Est

Marion Van Renterghem

LE MONDE | 17.08.04 | 13h23

Dans la nuit noire du 26  août 1966, Hartmut Richter plonge dans le canal Teltow. Destination  : la liberté. Quatre heures plus tard, il a atteint Berlin-Ouest. Mais l'histoire ne s'arrête pas là.

Il avait choisi le moment. Etudié la météo, la position de la Lune, la noirceur de la nuit. Il fallait de la pluie pour couvrir ses bruits, un vent contraire pour tromper les chiens, aucune étoile qui puisse l'éclairer. Hartmut Richter guettait les conditions exactes et il avait fini par se décider : cette nuit du 26 août 1966 serait la bonne.

Il s'est approché du canal, s'est glissé dans les herbes, a attendu là quelque temps, pour observer. Et il a plongé.

Il a alors 18 ans. Sa vie n'est pourtant pas insupportable. La République démocratique allemande n'est pas la plus mal lotie du bloc socialiste, et la capitale, Berlin-Est, une vitrine bichonnée pour son face-à-face avec "l'autre côté": Berlin-Ouest, orgueilleuse enclave de l'Occident démocratique en plein territoire soviétisé.

Ses parents sont producteurs de fruits près de Potsdam, au sud-ouest de Berlin. Lui-même fut un bon et fidèle élément des Junge Pioniere (Jeunes Pionniers), meilleur de sa classe et fier de son pays. Berlin-Ouest, lui rappelle la propagande est-allemande, ne survit que par les largesses du plan Marshall. Rien qui puisse entamer les vertus du socialisme. Non, Hartmut Richter n'est pas malheureux.

Il lui a suffi de quelques brimades pour finalement risquer sa vie, et plonger. Il a suffi d'un mur et de barbelés. Il a suffi de ce sursaut : l'obsession d'être libre, dès lors qu'on vous empêche de l'être.

Né en 1948, Hartmut Richter a tout juste 1 an quand est fondée la République démocratique allemande (RDA). Les Alliés se sont partagé l'Allemagne vaincue. En pleine zone d'occupation soviétique, une frontière traverse Berlin : capitaliste à l'ouest, communiste à l'est. Les premières années, la frontière est poreuse. Environ trois millions de personnes en profitent pour "passer à l'Ouest". Le gouvernement de RDA veut remédier à l'hémorragie.

Le 13 août 1961, les premiers barbelés sont posés à l'emplacement de ce qui deviendra "le mur". Les badauds viennent contempler la "protection antifasciste". Hartmut Richter se trouve alors à Berlin-Ouest, chez des cousins. Il a 13 ans.

Dans une rue de la ville, Bernauer Strasse, le mur est tracé de telle sorte que les façades des maisons sont à l'est, et le trottoir qui les jouxte, à l'ouest. Des habitants se jettent par les fenêtres. "Ceux de l'ouest" leur tendent des bâches, mais quatre d'entre eux s'écrasent sur le béton. Ce sont les premiers morts du Mur. "Ces images m'ont poursuivi toute ma vie", raconte Hartmut calmement, les paupières lourdes.

Il retourne au lycée à Potsdam. Les agents de la Stasi (police chargée de la sécurité de l'Etat) ont l'oeil sur les adolescents qui, comme lui, portent les cheveux longs, écoutent les Beatles et les Rolling Stones et se damnent pour les chewing-gums de l'Ouest. Un jour de 1965, Hartmut est arrêté. "Ils m'ont demandé de reconnaître mon mauvais comportement. J'ai refusé. Ils m'ont coupé les cheveux, arraché l'étiquette Levi's de mon jean. Rien de terrible, somme toute. Mais c'était humiliant. Une blessure de plus."

S'évader. Mais comment ? Dans l'histoire du mur de Berlin, les évasions rivalisent d'inventivité. Tunnels creusés, échappées en ballon, catapultage au-dessus des immeubles. La télévision évoque les tentatives ratées. Deux cent trente-neuf fugitifs sont exécutés. Ils sont 5 043 à réussir.

Du côté des bois et des cours d'eau, la frontière est moins étanche qu'en pleine ville, où le Mur lui-même est bien gardé. Des amis d'Hartmut ont réussi à gagner l'Autriche, via la Tchécoslovaquie, en traversant une forêt à pied. Le 29 janvier 1966, jour de ses 18 ans, il se décide. Il rassemble quelques affaires, quitte discrètement la maison et prend le train pour Prague.

Ala frontière tchécoslovaque, un contrôle a lieu dans le train. Hartmut est repéré. Des erreurs de débutant : il porte à nouveau un blue-jean et des cheveux longs, "la preuve que j'étais sous l'influence de l'ennemi" ; pire, il a sur lui tous ses papiers, de l'acte de naissance aux diplômes scolaires. Sans compter la carte où est tracé son itinéraire d'évasion. "Qu'allez-vous faire en Tchécoslovaquie ?, lui demande l'officier est-allemand.

- J'y vais pour des vacances, répond Hartmut.

- Vous avez besoin de tous ces papiers pour vos vacances ?"

Hartmut passe trois mois à la prison de Potsdam. Un vieil homme partage sa cellule. Il avait insulté des gardes frontières après avoir trop bu et, faute de projet pour lui-même, tel l'abbé Faria du Comte de Monte-Cristo, il parle à Hartmut du canal Teltow : dans un faubourg du sud-ouest de Berlin, pas loin de Potsdam, un cours d'eau dont une partie est frontalière de la RDA et de Berlin-Ouest. La configuration du canal, l'absence d'habitations et le peu de surveillance permettent de plonger là où commence la "death zone", le no man's land, à un petit kilomètre de la frontière.

Le vieil homme décrit l'arc que forme le canal à cet endroit, sur 900 mètres. Sa largeur, environ 25 mètres. Les arbres qui le bordent, les hautes herbes sur les bas-côtés, l'emplacement du mirador et des projecteurs, suffisamment espacés pour laisser des zones d'ombre. Il devra plonger juste après le grand pont qui marque le début de la "death zone". 800 mètres plus loin, il passera sous un petit pont. Encore 100 mètres, sur la gauche, et il sera à Berlin-Ouest.

A sa sortie de prison, en mai 1966, Hartmut Richter travaille à Potsdam et part souvent nager, seul, dans l'un de ces nombreux lacs qui entourent Berlin. Il fait son kilomètre quotidien. S'entraîne à tenir en apnée, une minute sous l'eau. S'habitue à l'eau froide. Attend la nuit idéale.

La voilà. Du vent, de la pluie, pas de lune. Dans la nuit du 26 août 1966, sans prévenir personne, Hartmut rejoint la petite ville de Teltow et de là se rend à pied au canal. Il porte un sac en plastique autour du cou pour ses papiers et s'est enduit le corps d'huile pour se protéger du froid. Il coince entre des racines son tee-shirt et ses chaussures mais garde sur lui son blue-jean tout neuf. A 23 h 30, il plonge.

Il zigzague entre les projecteurs : sous l'eau le plus longtemps possible, de la rive droite à la rive gauche du canal, s'arrêtant au bout de chaque diagonale contre la berge, caché dans les hautes herbes. Là, il reste immobile, silencieux, à l'écoute du moindre bruit. Au bout de deux heures, il n'a progressé que de 200 mètres. "J'étais gelé."

Sa première rencontre ne fait pas partie du programme : un cygne. L'oiseau se précipite sur lui et l'attaque. "Il ne me lâchait pas, ses battements d'ailes faisaient un bruit d'enfer, raconte Hartmut sur son ton imperturbable. Il a fini par se lasser. J'ai attendu dans les herbes." Le nageur repart. Bizarrement, personne ne semble avoir été alerté par la bataille.

Au bout de trois heures, il est presque arrivé à hauteur du petit pont. Un chien aboie. "Ruhig !" ("Tais-toi !"), lance une voix. Sur le pont, deux soldats patrouillent. Hartmut reste terré contre la berge, sans bouger. Sur le pont, devant lui, deux soldats fument des cigarettes. Les minutes passent, interminables. Les soldats ne partent pas. Hartmut, frigorifié, claque des dents. Il doit mettre ses doigts dans sa bouche pour étouffer le bruit.

Les voilà qui s'éloignent. Hartmut entame une nouvelle diagonale. Le petit pont est dépassé. Un mirador se tient sur sa droite. Là-bas, à gauche, il aperçoit des signaux et des barbelés. Berlin-Ouest ! Plus qu'une centaine de mètres, et c'est la frontière.

Le vieil homme avait dit : "Attention à la grille !" Il avait décrit une sorte de herse, juste après le petit pont : haute de 3 mètres au-dessus de l'eau, pour bloquer les bateaux. "Tu dois pouvoir passer par en dessous", avait suggéré le vieil homme. Hartmut tente le coup. Raté : la herse touche le fond du canal. Il n'y a plus qu'à essayer sur le côté, en repoussant les barbelés.

Le projecteur du mirador est braqué sur cet endroit précis. Hartmut se faufile à droite de la herse. Rien ne se passe. "J'étais dans leur champ de vision. Est-ce qu'ils jouaient aux cartes ? Est-ce que c'était l'heure de la relève ? Est-ce qu'ils m'ont vu et laissé une chance ?" Qu'importe, c'est la dernière ligne droite. Hartmut rejoint l'autre rive. Un dernier effort pour se hisser sur la berge.

Epuisé, gelé, ahuri, il reste un moment debout, tourné vers le chemin parcouru. Un panneau indique : "Hier endet West-Berlin" (Ici finit Berlin-Ouest). Il a réussi. Il a passé quatre heures dans l'eau.

Il est 3 h 30 du matin. Torse nu et dégoulinant, Hartmut Richter rejoint le check-point Dreilinden, le plus proche. Il frappe à la vitre d'une voiture. Une femme l'entrouvre, peu rassurée. "Suis-je à Berlin-Ouest ?" demande Hartmut. La femme a compris. Elle l'embrasse, lui souhaite la bienvenue et lui offre une bouteille de schnaps. Hartmut l'avale d'un trait. Puis redemande : "Je suis vraiment à Berlin-Ouest ?" "Mais oui !" répète la femme. Et Hartmut s'évanouit.

L'histoire n'est pas finie. Hartmut Richter parcourt le monde, steward sur un cargo, serveur à Berlin-Ouest. Avec un goût d'inachevé : il n'a pas réglé ses comptes avec le régime de RDA. La réussite de son évasion, il veut en faire profiter les autres. Les amis restés "de l'autre côté".

Les conditions politiques sont favorables. En décembre 1971, dans le cadre du rapprochement entre les deux Allemagnes, un accord limite la surveillance du trafic routier. La même année, les évadés de RDA devenus citoyens ouest-allemands bénéficient d'une amnistie. Hartmut a le droit de rendre visite à ses parents, de faire des allers-retours. "Ils ne contrôlaient plus ma voiture. C'était le moment."

D'évadé, Hartmut Richter devient passeur. Il bricole sa Ford, agrandit le coffre pour y placer deux personnes, renforce les suspensions arrière. Deux par deux, les candidats à l'évasion embarquent. Hartmut Richter tient les comptes : entre 1972 et 1975, il en fait passer trente-trois.

Mais il se sent observé. La Stasi a repéré que ses allées et venues correspondaient aux disparitions de citoyens est-allemands : Hartmut l'ignore mais le pressent. Trente-trois personnes sont passées, il s'est promis d'en aider une encore, une seule : sa jeune soeur de 21 ans. Elle a peur, elle hésite, il s'obstine à la convaincre. La nuit du 3 au 4 mars 1975, elle monte avec son fiancé dans le coffre de la Ford.

Au check-point Drewitz, le douanier fait signe à Hartmut de se garer. Un chien fait le tour de la voiture et aboie devant le coffre. C'est fini. Hartmut et ses deux protégés sont arrêtés et conduits au centre de détention de Potsdam.

La suite des événements est méticuleusement consignée par la Stasi. Hartmut Richter a récupéré son dossier après la chute du Mur, des centaines de pages où sont actés ses moindres faits et gestes, depuis son arrestation.

Le prisonnier Richter est récalcitrant. Au moment de passer en jugement, il refuse d'exprimer des regrets. "Je n'allais pas m'humilier pour rogner des bouts de privilège, alors que la partie était jouée d'avance." L'aide à l'évasion du pays est un crime qualifié par le code pénal est-allemand de "trafic d'êtres humains hostile à l'Etat". Le verdict tombe : quinze ans de prison, la peine maximale.

La soeur d'Hartmut purge deux ans et trois mois. "Je ne m'en remettrai jamais, reconnaît-il. Mais les trente-trois personnes que la RDA avait perdues à cause de moi me rendaient fort. En prison, j'éprouvais une sorte d'indifférence." Toujours indocile, placé dans divers centres de détention, il est souvent mis à l'isolement. La Stasi le qualifie d'ennemi déclaré de la RDA. "Je n'ai pas été torturé. Battu, oui. Mais la mode était plutôt au harcèlement psychologique. Les méthodes étaient subtiles pour te détruire."

Après cinq ans et sept mois de prison - notamment à Bautzen 2, célèbre camp pour prisonniers politiques -, Hartmut Richter est libéré. "Vendu" à la République fédérale d'Allemagne par le gouvernement est-allemand, comme le furent environ 33 000 prisonniers politiques entre 1964 et 1989. Le 2 octobre 1980, il arrive à Berlin-Ouest.

Il va parfois marcher le long du canal Teltow. Le premier pont est rouillé, le deuxième a disparu. Le mirador est toujours à sa place, inutile, à côté d'un restaurant. Le check-point Dreilinden est devenu un camping, la barrière de douane est transformée en bac à fleurs. Hartmut Richter a une fille de 12 ans, européenne et allemande tout court, ni de l'Ouest ni de l'Est. "Elle en a marre d'entendre mes histoires."

NOTA: Este artigo foi publicado em Português no PÚBLICO, de 23-8-2004.

DasParlament

Johannes Wendland

Mit dem Feldstecher bei der Beerdigung der Oma

Bis heute hat die Berliner Mauer Spuren in der Stadt und im Leben der Menschen hinterlassen
Wenn die Bäume im Winter kahl sind, kann die Berliner Krankenschwester Elke Kielberg von ihrem Wohnzimmerfenster aus auf dem gegenüber liegenden Friedhof die Grabstelle ihrer Familie sehen. Dort wurde im Oktober 1963 auch ihre Großmutter bestattet. Elke Kielberg war damals 15, an der Beerdigung konnte sie aber nicht teilnehmen. Wofür nichts geringeres als die Weltgeschichte verantwortlich ist. Zwei Jahre zuvor war die Berliner Mauer gebaut worden. Noch heute sieht man den Todesstreifen als Brachland. Am 13. August jährt sich der Jahrestag der Erbauung zum 43. Mal.

Die Oma, so erzählt sie, hatte vor ihrem Tod die Bestattung in der Familiengruft angeordnet. Eine eigentlich nahe liegende Idee - genauso wie von ihrer Wohnung beträgt auch der Weg vom Lazarus-Krankenhaus, in dem sie gestorben war, bis zum Grab keine 100 Meter Luftlinie. Doch wie die Wohnung lag auch das kirchliche Hospital im Westberliner Bezirk Wedding, der Friedhof aber im östlichen Bezirk Mitte. Zwischen beiden Orten längs der Bernauer Straße verlief nun die Mauer.

Also hatten die Nachkommen ein Problem. Sie mussten eine Ausnahmegenehmigung organisieren, dazu eine Bescheinigung, dass die Leiche "seuchenfrei" sei. Nach einer Trauerfeier im Wedding wurde der Sarg zum Übergang Heinrich-Heine-Straße gebracht, dort samt Kränzen in einen Leichenwagen der Ostberliner Stadtverwaltung umgeladen und schließlich auf dem Friedhof in das Grab versenkt. "Mit einem Feldstecher haben wir die Beerdigung über die Mauer von einem Hochstand aus beobachtet", erinnert sich Elke Kielberg. Erst zu Weihnachten, als den Westberlinern das erste Passierscheinabkommen wieder Besuche im Ostteil der Stadt ermöglichte, konnte sie mit ihrer Mutter das Grab besuchen.

Solche Geschichten erzählen hier an der Bernauer Straße alle Alteingesessenen - absurde Geschichten von einem absurden Alltag, den die Geschichte diktiert hat. Abrupt hatte der Mauerbau die täglichen Wege der Menschen im Kiez unterbrochen. Auch die von Elke Kielberg, die an der Ecke Hussitenstraße/Bernauer aufgewachsen ist und dort immer noch lebt. Einkäufe im Osten, der nachmittägliche Besuch der Rollschuhbahn in der Gartenstraße oder der Sonntagsausflug zum Märchenbrunnen im Volkspark Friedrichshain - alles plötzlich vorbei. Doch am schlimmsten war, dass die Familie getrennt wurde. Ihre Kusine, die für sie - ein Einzelkind - wie eine Schwester war, lebte auf der anderen Seite. "Am Nachmittag wollten wir bei meiner Tante und ihr zum Kaffeetrinken vorbeikommen, aber wir standen am Nordbahnhof und kamen nicht mehr rüber", erinnert sie sich, und es klingt, als wäre es gestern gewesen. Schon morgens um acht Uhr war Elke Kielbergs Mutter entrüstet nach Hause gekommen, nachdem sie eine Zeitung kaufen wollte. Die Straßen, die quer zur Bernauer Straße in Richtung Mitte verliefen, die Acker-, Garten-, Strelitzerstraße, waren mit Stacheldraht versperrt worden. Und kurz danach begannen die DDR-Kampfgruppen, die Straßen zu vermauern.

Ganz Berlin traf der Mauerbau ins Mark, doch was die Teilung der Stadt mit der Bernauer Straße machte, wirkt besonders bizarr. Entlang der knapp anderthalb Kilometer langen Straße zwischen Jahnstadion und dem Nordbahnhof ist der Verlauf der Mauer noch heute klar zu erkennen. Immer noch ist der rund 75 Meter breite ehemalige Todesstreifen überwiegend unbebaut, eine Brache parallel zur Straße, die in ihrer ganzen Länge zweigeteilt war: die nördliche Straßenseite, die beiden Bürgersteige und der Fahrdamm waren Westen, die südliche Straßenseite Osten - genau ab der Häuserfassade.

Dahinter wurde die Grenze nach und nach hermetisch: Zunächst vermauerten die DDR-Grenzer die Häuser, später rissen sie sie ab - bis auf die Erdgeschossmauern, die in die Mauer integriert wurden. Erst Ende der 70er-Jahre ersetzte die mehr als drei Meter hohe Mauer aus Betonelementen die letzten Fassadenreste, an denen immer noch die Aufschriften der alten Geschäfte standen.

Spurensuche im Kiez

Hartmut Richter, ein alter Kiezbewohner mit höchst bewegtem Leben, führt Schul- und Besuchergruppen durch die Bernauer Straße, im Auftrag der Gedenkstätte Deutsche Einheit, die am unteren Ende der Straße liegt. Er schärft den Blick der Besucher für die Spuren, die noch auf die frühere Bebauung verweisen - Treppenabsätze, Gullys, Gitterroste, die über Kellerfenstern angebracht waren. Im Boden befinden sich noch die Fundamente und Keller, erklärt er, und an manchen Stellen auch noch die Überreste der Tunnels, durch die noch bis 1973 immer wieder Menschen die Flucht in den Westen versuchten - bis es Stasi, Volkspolizei und DDR-Grenztruppen durch ihre immer massivere Präsenz in den mauernahen Stadtteilen unmöglich machten, dass noch jemand unbemerkt einen Tunnel grub.

Hartmut Richter war im August 1961 gerade 13 Jahre alt, und als mitten in Berlin der Eiserne Vorhang herunterkrachte, fand er sich auf der falschen Seite wieder. Wie oft zuvor hatte er, der im brandenburgischen Werder aufwuchs, seine Schulferien bei seiner Cousine im Wedding verbracht. Nun konnte er zunächst nicht zurück. Erst nach einigen Tagen holte ihn ein offizielles Fahrzeug ab und brachte ihn zu seinen Eltern in die DDR zurück. Was er in der Bernauer Straße miterlebt hatte, ließ ihn aber nie mehr los. Viele Bewohner der Häuser, die zum Osten Berlins zählten, hatten noch versucht, auf den Bürgersteig und damit in den freien Westen zu springen. Einige wie die 78-jährige Ida Siekmann verletzten sich dabei tödlich. Westberliner Feuerwehr und Polizei versuchten auf der Bernauer Straße, den Flüchtenden zu helfen, oft vergeblich.

Richter zog seine ganz eigenen Konsequenzen. Nach einem ersten gescheiterten Fluchtversuch, der ihm eine Bewährungsstrafe eingebracht hatte, durchschwamm er im August 1966 im Süden Berlins den Teltow-Kanal. Vier Stunden brauchte er dafür. "Ich bin mehr getaucht als geschwommen, um nicht aufzufallen", schildert er.

So waghalsig die Flucht, so abenteuerlich verlief sein weiteres Leben. Nach einigen Jahren zur See zog er 1970 in den Wedding. Aus Hass auf die DDR schleuste er mehr als 30 Mal über die Transitstrecken Flüchtlinge in den Westen, bis er geschnappt und abgeurteilt wurde. Knapp sechs Jahre saß er in DDR-Haft, unter anderem im gefürchteten Gefängnis in Bautzen, bis er von der Bundesrepublik freigekauft wurde.

Das Skandalon der Teilung blieb auch im Westen sein Lebensthema. Mit Protestaktionen machte er Schlagzeilen. So warf er einmal, "bei günstigem Westwind", von der Aussichtsplattform am Ende der Bernauer Straße Flugblätter in den Osten. Von dieser Aktion existieren gestochen scharfe Fotos, auf denen Richter mit wehender Haarpracht gut zu erkennen ist. Diese Bilder entdeckte Richter aber erst nach der Wiedervereinigung - als er Einblick in seine Stasiakten nahm.

Auch für Manfred Fischer überlagert sich die Gegenwart in der Bernauer Straße immer wieder mit den Bildern der Vergangenheit. Seit 1975 ist er Pfarrer der Versöhnungsgemeinde. Doch die Kirche in der Bernauer Straße, die seiner Gemeinde den Namen gab, hat er nie betreten. Der gründerzeitliche Backsteinbau lag mitten im Todesstreifen, auch er ein Opfer der Grenzziehung in der Bernauer Straße. Wie die Wohnhäuser war er im August 1961 zugemauert worden, weil die Kirche im Osten, der Eingang aber in Richtung Westen lag. Die Kirche diente später den Grenztruppen als Abstellkammer und Verließ für die Schäferhunde, die im Todesstreifen als Wachhunde eingesetzt wurden.

Im Januar 1985 sprengten DDR-Grenzer die Kirche. Sie stand einfach im Weg. "Das Schiff brach nach der ersten Sprengung zusammen", erinnert sich Fischer, "doch der Turm widerstand. Erst sechs Tage später fiel er nach einer weiteren Sprengung."

Mit Mahngottesdiensten und Schweigemärschen versuchte Fischer in den folgenden Jahren, an den Verlust der Gemeindekirche zu erinnern. Als die Mauer gefallen war, ging er im Osten auf Spurensuche nach den Überresten der alten Kirche. Die Glocken tauchten wieder auf, dazu Teile des Altars und die eiserne Turmspitze, die beim Sturz beschädigt wurde.

Diese Relikte sind heute in der Kapelle der Versöhnung aufbewahrt, die die Gemeinde vor vier Jahren auf den Fundamenten der alten Kirche errichtet hat - als schmuckloses Oval in Lehmstampftechnik mit einer Hülle und einem Dach aus Holz. Unter den Lehm sind Mauerteile der gesprengten Kirche gemischt worden. In einer Nische ist durch eine Glasscheibe ein Blick in den Untergrund freigegeben: Im Boden zu sehen ist die 1961 von Grenzern vermauerte Kellertür der alten Kirche und ein Blindgänger aus dem Zweiten Weltkrieg, der bei den Erdarbeiten für die Kapelle gefunden wurde.

60.000 Besucher zählte die symbolträchtige Kapelle im vergangenen Jahr, erzählt Pfarrer Fischer stolz. Hier finden auch die offiziellen Staatsakte zum 13. August und 9. November statt. Über den ehemaligen Kolonnenweg und die Ackerstraße führt der Weg zur benachbarten Gedenkstätte Deutsche Einheit, an deren großen Bronzewand dann Kränze niedergelegt werden, die an Bau und Fall der Mauer erinnern.

Den Tag, nachdem die Mauer fiel, hat Elke Kielberg noch deutlich in Erinnerung. Als sie mittags zu ihrer Arbeit in einem Krankenhaus in Moabit wollte, muss-te sie zu Fuß gehen. Alle Busse steckten hoffnungslos im Stau. Und auch die Bank, auf der sie Geld holen wollte, war verstopft. Die DDR-Bürger standen nach dem Begrüßungsgeld an. Die Einheit begann mit Beschwernissen. "Erst als ein paar Tage später meine Kusine vor meiner Tür stand, habe ich voll realisiert, was da passiert war", sagt sie mit einem Lächeln.

In den kommenden Monaten rücken in der Bernauer die Baufahrzeuge an. Die Straße wird eine neue Oberfläche erhalten. Die Straßenbahn, die bislang wie zu DDR-Zeiten am Jahnstadion auf der Ostseite endete, wird über den Nordbahnhof hinaus bis zum künftigen Hauptbahnhof verlängert. Viele Spuren, die heute im Straßenbild noch zu entziffern sind, werden dann verschwinden. Die einstmals geteilte Stadt wächst ein weiteres Stück zusammen - und lässt wieder etwas von ihrer Vergangenheit zurück.

 

BER

LINER

KURIER 

 

Berliner Kurier Vermischtes 18.3.2002

2 Menschen, 2 Schicksale - unversöhnlich bis heute


Die Mauer. Sie war der Mittelpunkt ihres Lebens. Und ist es zum Teil heute noch. Doch ihr Schicksal und ihre Ideale könnten nicht verschiedener sein. Da ist Hartmut Richter. Am 13. August 1961 war er 13. Sein ganzes Leben stellte er daraufhin in den Kampf gegen die Mauer. Der andere ist Günter Ganßauge. Er war damals gerade 30, befehligte die Grenztruppen am Brandenburger Tor. Sein Leben stellte er in den Kampf für die Mauer. Zwei Menschen, zwei Schicksale, bis heute unversöhnlich. Hartmut Richter war an jenem 13. August gerade bei Verwandten in Westberlin zu Besuch. "An der Bernauer Straße habe ich gesehen, wie Menschen ihr Hab und Gut aus Fenstern warfen, hinterher sprangen. Diese Bilder sind nie verblasst, bis heute nicht", sagt Richter. Er ging zurück in den Ostteil der Stadt. Doch nicht für lange. Anfang 1966 der erste Fluchtversuch. Gescheitert. Drei Monate Haft. Im August der nächste Versuch. Diesmal durch den Teltow-Kanal. Zwei Stunden im Wasser, tauchen, Luft schnappen, tauchen. "Dann hörte ich Schritte. Mein Kiefer klapperte so sehr, dass ich mir die Hand in den Mund steckte", berichtet er. Die Grenzer hörten ihn nicht. Nach vier Stunden traute er sich aus seinem Versteck, hielt einen Wagen an. Er fragte die Dame am Steuer: "Bin ich im Westen?". Als sie nickte, brach er zusammen. "Ich hatte die Mauer bezwungen. Das reichte nicht. Ich musste sie wieder und wieder bezwingen", sagt Richter. 33 Mal schaffte er es: Im Kofferraum seines Wagens holte er Flüchtlinge von Ost nach West. Bei Nummer 34 ist Schluss. Gefasst. Fünf Jahre Knast. Bis er vom Westen frei gekauft wurde. Richter setzte den Kampf fort. Jetzt ging er daran, Grenzanlagen zu sabotieren. Der Stasi war er ein Dorn im Auge. Sie beschloss, Richter zu töten. "In meiner Stasi-Akte fand ich die Pläne für ein Attentat. Ich sollte zu einer Protestaktion auf DDR-Gebiet gelockt werden", sagt Richter. "Dort waren die Scharfschützen positioniert. Ich kann es nicht erklären, es war die innere Stimme, die mir sagte: ,Geh nicht!' Und ich ging nicht." Als die Mauer fiel, fühlte er eine tiefe Genugtuung: Der Kampf ist gewonnen. Und dann? Was folgte dann - Leere? Nicht bei Hartmut Richter. Er kann nicht von der Mauer lassen. Heute ist er Mitarbeiter der Mauergedenkstätte Hohenschönhausen. Er hält Vorträge über Mauer, Gefängnisse. Und er geht in die Schulklassen. Dort berichtet er über die Mauer. Und kämpft gegen das Vergessen. Till R. Stoldt

"Die BRD wollte uns vernichten ..."

Günter Ganßauge hat das milde Lächeln eines sympathischen Großvaters. Und am liebsten sächselt er freundlich mit seiner Enkelin. Doch wenn die Sprache auf die Mauer kommt, da geht ein Ruck durch den Körper. Die Mauer. "Das ist mein Lebenswerk", sagt er da. Als Hauptmann der Volkspolizei leitete er den Einsatz von 2000 Mann, die am 13. August 1961 die Berliner Grenze dicht machten. Er gab Befehl, die West-Berliner Demonstranten mit Wasserwerfern zu beschießen, als die versuchten, Grenzbarrieren niederzureißen. Er schützte die Grenze von Anfang an. Der Schutzwall "war nötig, um den Krieg der BRD gegen die DDR zu stoppen. Die wollte uns doch vernichten!" Überhaupt: "Die Menschen im Osten wollten die Mauer doch. Unzählige haben mir gratuliert!" So hält er die Hand über sein Lebenswerk. Und dass Menschen erschossen wurden, nur weil sie über die Grenze wollten - fühlt er da keine Reue? "Das kann ich nicht sagen. Es war ja jedem bekannt, dass unbefugter Zutritt zum Grenzbereich verboten ist. Das war geltendes Recht." Seine Stimme klingt zittrig bei diesem Satz. "Sie müssen verstehen. Für mich ist das mein Leben. Mein ganzes bewusstes Leben hab ich mit der Mauer verbracht!"