10-10-2005

 

Die Kinder der Schande, von Jean-Paul Picaper & Ludwig Norz

 

 

Les «bâtards de Boches» se confient

Premier livre sur les 200 000 enfants nés en France de soldats allemands sous l'Occupation.

Par Blandine GROSJEAN

jeudi 29 avril 2004

(1) Enfants maudits de Jean-Paul Picaper et Ludwig Norz (Editions des Syrtes). 23 euros.
(2) Lire le travail de Fabrice Virgili sur les femmes tondues à la Libération, la France virile (Payot & Rivages).

Megrit, petit village breton, début des années 50. Tous les dimanches, à la sortie de la messe, le secrétaire de mairie réunit la population. Ce jour-là, il appelle auprès de lui un garçonnet de 10 ans et s'adresse aux habitants : «Est-ce que vous connaissez, vous autres, la différence entre un Boche et une hirondelle ?» Personne ne répond. «Je vais vous le dire. Une hirondelle, quand elle a fait ses petits en France, elle les emmène avec elle quand elle s'en va, alors que le Boche, lui, les laisse sur place.» Daniel Rouxel raconte que ce dimanche il a beaucoup pleuré et a pensé mettre fin à ses jours. «J'étais l'attraction. Alors ma grand-mère m'interdisait de sortir, elle m'enfermait dans le poulailler, toute la nuit avec un cadenas. Là-dedans, dans le noir, j'éprouvais une peur terrible.»

Refoulé. Des «têtes de Boche», comme l'appelait l'instituteur de Daniel, ou des «bâtards de Boches», il y en a eu 200 000, nés de liaisons amoureuses entre des jeunes Françaises et des soldats allemands durant l'Occupation. Ils sont aujourd'hui âgés de 57 à 63 ans, et plusieurs dizaines d'entre eux ont accepté de se confier à Jean-Paul Picaper (1). Certains, tel Daniel Rouxel, ont toujours été en contact avec leur famille allemande. Les grands-parents allemands de Raymond ont contribué à son éducation en versant discrètement de l'argent à sa grand-mère maternelle. D'autres enfants ont passé une partie de leur vie à rechercher les traces d'un géniteur dont ils connaissaient à peine le nom. Tous ont vécu de longues années dans la honte et la culpabilité, martyrisés parfois par leur propre famille qui leur faisait expier la «faute» d'une fille. Certains ont été placés dans des familles d'accueil lorsque leurs mères purgeaient des peines de prison pour indignité nationale. Mise en pension chez les bonnes soeurs par un grand-père à qui elle faisait horreur, Jeanine en est sortie à 10 ans. Elle pesait 18 kg et personne ne lui avait appris à lire.

 

© Jean-Paul Guilloteau/L'Express

Mylène et sa mère, Renée
Au printemps 1944, Renée a été tondue, comme une trentaine d'autres jeunes filles, sur la place de l'Eglise de Fouras (Charente-Maritime). Un soldat allemand (en bas à dr.) avait été son premier amour. Il est parti, sans savoir que naîtrait un enfant, Mylène.

 

Les châtiments infligés aux mères (2) n'ont pas épargné les enfants. Dans l'après-guerre, il ne faisait déjà pas bon être né de père «inconnu». Avoir les cheveux blonds et les yeux bleus fut pour ces enfants le tatouage indélébile d'une infamie, celle de la «collaboration horizontale». Des mères se sont mariées, parfois mal, pour donner un père à leurs «bâtards». Ils n'ont découvert que très tard leur véritable origine. A 50 ans pour Anita la Savoyarde, dont la mère a vécu jusqu'à sa mort sous le joug d'un tyran qui leur a fait payer le péché originel. Juste après une tentative de suicide, à 18 ans, pour Anita la Provençale. Elle se croyait la fille du républicain espagnol qui l'a élevée et protégée d'une mère distante.

Le livre de Jean-Paul Picaper est le premier publié en France sur ce sujet. Depuis 1994, année du premier témoignage de «fils de Boche» sur TF1, quelques reportages audiovisuels ont soulevé la chape sur des destinées singulières. Mais cet ouvrage donne pour la première fois la mesure du drame, et du refoulé collectif. Il n'aurait pas vu le jour sans la collaboration bienveillante des services d'archives allemands (lire ci-contre) et le courage des témoins, ceux qui ne se sont pas rétractés au dernier moment. Pour eux, la honte a fait place au désir souvent dévorant de retrouver des traces de leur ascendance germanique. «Je n'ai jamais cessé d'attendre mon père, car j'ai toujours su que le récit de sa mort pendant un bombardement était un mensonge», raconte Henriette, dont la mère, dénoncée par son propre frère pour avoir aidé son amant allemand à se cacher, a été condamnée à huit ans de prison. «Souvent, à la sortie de l'école, je regardais à droite et à gauche, dans l'espoir de l'apercevoir. Quand j'entendais des touristes parler une langue étrangère, je m'approchais d'eux et je leur disais : "Deutsch ? Mein vater ist deutsch" [mon père est allemand]Il y a quelques belles histoires de retrouvailles, avec les demi-frères et soeurs d'outre-Rhin. Il y a aussi les désillusions: des pères octogénaires n'ont pas aimé se voir rappeler un épisode d'une guerre qu'ils ont passé leur vie d'adulte à oublier. Certains ont eu peur que ces revenants ne viennent réclamer une part d'héritage.

Aimés. Ce livre d'une grande justesse rappelle aussi que l'Occupation en France, surtout les deux premières années, fut une drôle de guerre. Les pères des «fils de Boches» n'ont pas violé. Ils ont été aimés, reçus à la table des parents de leurs fiancées. Leurs enfants, neveux, petits-enfants, arrière-petits-enfants forment aujourd'hui en France une communauté qui commence à sortir du néant. Jean-Paul Picaper demande, au nom de certains, que leur soit accordée la double nationalité.  

LePoint

le point 15/04/04 - N°1648 - Page 109 - 378 mots

Ces 200 000 « enfants de boche »

François-Guillaume Lorrain

« Enfants maudits », de Jean-Paul Picaper et Ludwig Norz (Editions des Syrtes, 380 pages, 23 euro).

Nés entre 1941 et 1945 de mère française, mais de père allemand : ils sont 200 000. D'ordinaire, à la fin d'une guerre, on compte ses morts. Mais, cette fois, le bilan concerne les naissances. Un bilan stupéfiant. On en était resté au « carnaval moche » des femmes tondues à la Libération. Mais on avait un peu vite oublié leurs rejetons, ces « enfants de boche », comme on les surnomma si charitablement dans une France de l'après-guerre qui ne pardonna pas à ces innocents d'être mal nés.

Aujourd'hui, quinze d'entre eux, âgés de 59 à 63 ans, racontent leur calvaire. Et réclament, après quarante ans de rapprochement franco-allemand, que l'injustice les ayant frappés soit enfin reconnue. Car eux aussi sont des victimes de guerre. Telle est du moins l'impression dominant ces quinze récits de vies mutilées par des révélations tronquées, tardives, des secrets traumatisants, des sévices subis parfois sans savoir pourquoi. Mères honteuses, grands-parents revanchards, instituteurs sadiques, il ne faisait pas bon grandir dans nos villages avec les cheveux blonds, synonymes de mise à l'écart, de carence affective, d'identité lacunaire, de culpabilité dévorante. Ces quinze récits, sobres, bouleversants, racontent quinze histoires d'amour dérangeantes entre des Françaises qui s'ennuyaient et des soldats de la Wehrmacht heureux d'être en France, mais qui, sous peine de se retrouver sur le front de l'Est, avaient interdiction de fricoter avec la « gent féminine d'une sous-race ». Le bordel, oui, la jeune fille, non.

Chaque témoignage, remis en perspective par une seconde partie historique, retrace la quête douloureuse mais captivante d'un père « ennemi », souvent mort, parfois héroïsé. Ces recherches, menées grâce aux archives de la Wehrmacht (WAST), ont parfois abouti à des retrouvailles.

Une France qui se pique de généalogie ne saurait ignorer ce document, dont aucun éditeur, pourtant, ne voulait. Deux tabous pèsent encore sur la dernière guerre : le sort des prisonniers allemands en France après 1944 et celui de ces enfants maudits. Le voile vient d'être levé sur l'un de ces non-dits

 

FRANKFURTER RUNDSCHAU

Dokument erstellt am 26.07.2005 um 17:00:46 Uhr

Erscheinungsdatum 27.07.2005

Die Kinder der Wehrmacht

Zwei Bücher fragen sich, was aus dem Nachwuchs der deutschen Besatzer in Norwegen und Frankreich geworden ist

VON ELKE SCHUBERT

Ebba D. Drolshagen: Wehrmachtskinder. Auf der Suche nach dem nie gekannten Vater. Droemer Verlag, München 2005,

383 Seiten, 19,90 Euro.

 

Jean-Paul Picaper / Ludwig Norz: Die Kinder der Schande. Aus dem Französischen von Michael Bayer. Piper Verlag, München 2005, 463 S., 22,90 Euro.

Jahrzehntelang wurde darüber geschwiegen, dass etliche deutsche Soldaten, die seit Beginn des Zweiten Weltkrieges halb Europa besetzt hielten, häufig über Jahre Liebesbeziehungen mit einheimischen Frauen eingegangen waren. Nach dem Krieg wurden diese Frauen vor allem in Frankreich geächtet und dem Hass der Öffentlichkeit preisgegeben. Dass aus diesen Verbindungen auch tausende Kinder hervorgingen, die man oft im Unklaren über ihre Herkunft ließ, liegt nahe.

Die "Kinder der Schande" begannen erst im Alter von etwa 60 Jahren nach ihren leiblichen Vätern zu suchen; mittlerweile hat die Veröffentlichung einiger Artikel und Bücher dazu beigetragen, diesen Komplex immer mehr ins öffentliche Bewusstsein zu rücken. Exakte Zahlen gibt es bis heute nicht, denn oft wurden die Kinder adoptiert, wuchsen in Heimen auf und wurden äußerst selten über die Identität des Vaters aufgeklärt.

Jetzt sind gleich zwei Bücher auf deutsch erschienen: Ebba Drolshagen, die schon vor ein paar Jahren eine Untersuchung über die Deutschenliebchen geschrieben hatte, beschäftigt sich mit dem Schicksal der Besatzungskinder in den Niederlanden, Dänemark, aber vor allem in Norwegen, wo es wegen der "sanften" und vor allem langen Besatzung zu den meisten Liebesbeziehungen kam.

Und anders als bei den meisten anderen besetzten Ländern hatten die Nationalsozialisten gegen Kinder aus Verbindungen mit Norwegerinnen nichts einzuwenden, denn diese entsprachen ihrem Ideal der "Nordischen Rasse"; ledige Mütter wurden in "Lebensborn"-Heimen auf jede erdenkliche Art unterstützt.

Neue Verwandte

Ebba Drolshagen ist sich bewusst, dass auch in den von ihr untersuchten Ländern weder verlässliche Zahlen noch gesicherte Untersuchungen darüber existieren, wie es der Mehrzahl der "Kriegskinder" ergangen ist. Zwar haben sie sich in Organisationen zusammengeschlossen und ihre Erfahrungen ausgetauscht, man kann daraus aber beispielsweise nicht den Schluss ziehen, dass die meisten von ihnen ein schweres Schicksal hatten.

Diejenigen, welche eine behütete Kindheit genossen, fanden ihre Geschichte nicht so erzählenswert wie jene, denen Ablehnung und Unrecht widerfahren ist. So kann die Autorin nur von Extremfällen berichten und von der mühevollen Suche nach dem unbekannten Vater, der häufig schon gestorben war, wenn die Suche Erfolge zeigte. Wenn der Vater aber noch am leben war und ausfindig gemacht werden konnte, entstand ihnen aus der Konfrontation der "neuen" Verwandten neue Verbindungen mit einem bisher unbekannten Land. Viele Familiengeheimnisse kamen mit der Kontaktaufnahme ans Tageslicht, und erstaunlich häufig wurde diese von beiden Seiten als Gewinn betrachtet.

Ein französisches Tabu

Der französische Journalist Jean-Paul Picaper und Ludwig Norz, Mitarbeiter der Wehrmachtsauskunftsstelle (Wast) in Berlin, gehen in ihrer auf Frankreich konzentrierten Untersuchung einen anderen Weg. Zunächst stellen sie exemplarische Biografien von Besatzungskindern vor, die auffällige Parallelen aufweisen. In der zweiten Hälfte des Buches beschäftigen sie sich mit den politischen Bedingungen der Besatzungszeit. Schätzungsweise sind in Frankreich zwischen 1941 und 1945 etwa 200 000 Besatzungskinder zur Welt gekommen.

Dennoch wird das Thema "Kriegskinder" von der französischen Regierung bis heute ignoriert und als Tabu behandelt. Picaper hat jahrelang im Wehrmachtsarchiv recherchiert. Dort gehen mittlerweile täglich etwa 50 Vaterschaftsanfragen aus Frankreich ein, mehr als in all den Jahren zuvor. Die Autoren schildern in ihrem Buch, wie sehr die Kriegskinder unter ihrer Herkunft zu leiden hatten, wie sich dieses Leid durch ihre Lebensgeschichte zieht und sich auf die nächsten Generationen auswirkt.

So wie die norwegischen Gefährtinnen der deutschen Besatzer nachher als "Verräterinnen" gebrandmarkt wurden, wurden auch französische Mütter und Kinder von ihren Familien und Nachbarn entsprechend schlecht behandelt. Viele Kriegskinder haben erst durch Jean-Paul Picapers Buch den Mut gefunden, ihr Schweigen zu brechen und an die Öffentlichkeit zu gehen. Vor allem entdeckten die Betroffenen, dass sie nicht allein sind.

So decken Picaper und Norz mit dieser - der ersten Veröffentlichung zu diesem Thema überhaupt - auch die Lebenslüge vieler Franzosen auf, die sich nach dem Krieg als ein Volk von Widerstandskämpfern feierten. Ein Großteil der Franzosen hat nach Einschätzung der Autoren Marschall Petain unterstützt, der 1940 den aussichtslosen Krieg durch die Kapitulationserklärung beendete.

Fünf Jahre später sah es ganz anders aus. Zu dem Bild des moralischen Siegers, in dem auch die Beteiligung an der Deportation der französischen Juden heruntergespielt wurde, passten die Liebesbeziehungen zwischen deutschen Soldaten und Französinnen nicht, am wenigsten die Kinder, die daraus hervorgingen. Was nach Meinung der Autoren noch aussteht, ist die Anerkennung beider Staaten, dass diese Kinder nicht Ergebnis eines Verrats, sondern gleichberechtigte Bürger sind.

 

TAGESSPIEGEL

06.06.2005

„Der Boche lässt sie da“

200 000 Kinder wurden während der Besatzung in Frankreich von Deutschen gezeugt

Von Boris Peter

Jean-Paul Picaper und Ludwig Norz: Die Kinder der Schande: Das tragische Schicksal deutscher Besatzungskinder in Frankreich. Piper Verlag, München/Zürich 2005. 464 Seiten, 22,90 Euro.

Es beginnt mit einer Fahrradpanne auf der Landstraße von Dinard nach Pleurtuit, im Nordwesten Frankreichs. Die 22-jährige Léa Rouxel ist auf dem Heimweg, als ihr die Fahrradkette herausspringt. Ein junger deutscher Offizier, Otto Ammon, kommt ihr zu Hilfe. Sie entflammen füreinander und im April 1943 bringt die ledige Léa einen Sohn zur Welt, Daniel. Weil die Mutter mit dem Kind überfordert ist, verbringt Daniel den größten Teil seiner Kindheit bei der Großmutter, die ihn erbarmungslos schlägt und zeitweilig in den Hühnerstall sperrt. Ständig wird der Junge im Dorf gedemütigt. So drängt der Gemeindesekretär den Jungen nach einer Messe auf eine Steinstufe und erläutert den Dörflern hämisch den Unterschied zwischen dem Sohn eines Boche und einer Schwalbe: „Wenn eine Schwalbe in Frankreich ihre Kleinen macht, nimmt sie die mit, wenn sie davonfliegt, der Boche lässt die seinen da.“

Die Bilder der geschorenen Frauen, die als „Nazihuren“ angeprangert wurden, haben sich tief in das kollektive Gedächtnis der Franzosen eingebrannt, auch wegen der berühmten Aufnahmen Robert Capas. Dagegen wurde das Schicksal der geschätzten 200 000 Kinder, welche diesen verpönten Verbindungen entsprangen, 60 Jahre lang verschwiegen. Daher verwundert es kaum, dass das deutsch-französische Autorenduo Jean- Paul Picaper und Ludwig Norz mit „Kinder der Schande“ im vergangenen Jahr in Frankreich für Furore sorgten. Inzwischen liegt eine erweiterte Fassung des Buches in deutscher Übersetzung vor.

Warum ließen sich die Französinnen mit den Deutschen ein? Was Léa und Otto betrifft, beschreiben die Autoren das Verhältnis als ein „Augenblick des Glücks am Rande der Stahlgewitter und der militärischen Disziplin“. Anders als in Osteuropa, wo die Bevölkerung einem brutalen Besatzungsregime unterworfen wurde, machten die Wehrmachtsangehörigen im Westen häufig mit ihren „guten Manieren“ Eindruck. Zu den zahlreichen Beziehungen zwischen Besatzern und Besetzten dürfte außerdem beigetragen haben, dass etwa zwei Millionen männliche Franzosen zwischen 20 und 40 als Résistance-Kämpfer, Kriegsgefangene oder freiwillige Arbeiter in Deutschland abwesend waren.

Aus einer solchen Verbindung ist auch Michelle hervorgegangen: Unmittelbar nach der Geburt im Hospiz Sainte-Catherine in Verdun wurde sie von ihrer Mutter verlassen. Noch nicht einmal vier Jahre alt, musste sie auf Geheiß ihrer Pflegemutter seitenweise den Satz „Ich bin die Tochter eines Boche“ in ein Schulheft eintragen. Im Gegensatz zu Daniel, der immerhin das Grab seines kurz vor Kriegsende gefallenen Vaters kennt und dessen Familie später freundliche Kontakte zu dem Jungen knüpfte, blieb die Suche Michelles nach ihren Wurzeln bislang ergebnislos. „Das Schlimmste ist, dass die Zeit hier keine Wunden heilt, im Gegenteil“, stellt das Findelkind heute fest.

Neben den Besatzerkindern, die offen gelitten haben, gab es auch viele, die adoptiert wurden und erst später von ihrer Herkunft erfuhren. Als der 13-jährigen Jeanine im Bürgermeisteramt eines normannischen Dorfes mitgeteilt wurde, dass ihr Vater ein Deutscher sei, löste dies eine schwere psychische Blockade aus: Zwei Monate sprach sie kein einziges Wort.

In letzter Zeit hat die Zahl der Nachforschungsanträge, die im Wehrmachtsarchiv, einem riesigen roten Backsteingebäude am Eichborndamm in Berlin-Reinickendorf eingegangen sind, erheblich zugenommen. Dafür gibt es zwei Gründe: Mit dem Eintritt in den Ruhestand ist für viele Kriegskinder die Frage nach den Wurzeln wieder stärker ins Bewusstsein gerückt. Hinzu kommt die Veröffentlichung des Buches, die manche Besatzerkinder veranlasst hat, die Spurensuche nach ihren verlorenen Vätern und weiteren Verwandten (wieder) aufzunehmen.

Dass Bücher etwas bewirken, lässt sich nicht eben oft behaupten. Bei dieser ergreifenden Darstellung verhält es sich anders. Vor allem liegt das Verdienst der Autoren darin, den Betroffenen zu verdeutlichen, dass sie mit ihrem Schicksal keineswegs allein sind.
 

 
L'EXPRESS
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L'Express du 31/05/2004

Pour l'amour d'un «boche»

par Delphine Saubaber

Ce printemps 1944, elles aussi s'en souviennent. Tondues, humiliées, condamnées parfois par les tribunaux de l'épuration. Cette douleur, cette honte ont marqué pour la vie des milliers de femmes. Beaucoup se sont repliées sur leur secret. Quelques-unes d'entre elles - ainsi que leurs enfants - ont accepté, ici, de s'en délivrer et de témoigner
«Eh, la putain du boche!» La foule hurle et brandit des croix gammées. Un kiosque à musique, sur la place de l'Eglise, à Fouras (Charente-Maritime): elles sont là, une trentaine, «parquées comme des truies». Le bruit de scie de la tondeuse. Et les mèches brunes, blondes, châtains, qui pleuvent, au bas de la tribune...

Malgré la maladie d'Alzheimer qui la ronge, Renée n'a jamais oublié. Ni l'estrade où on l'a exhibée comme un animal de foire, ce jour de printemps 1944. Ni le voisin, venu, avec trois comparses, la tirer de l'hôtel où elle travaillait. «Je l'ai tout de suite reconnu», murmure-t-elle, fragile silhouette dans sa veste trop grande, posée au bord de sa chaise, sa fille Mylène à ses côtés. «J'étais en train de faire la salle, dans l'hôtel de ma tante qui avait été réquisitionné par les Allemands. Il m'a dit: «Tu viens avec nous.» Il m'a emmenée. Et on a toutes été tondues...» L'aveu est lâché d'une voix atone, regard fixe, perdu dans ce passé qu'elle exhume. «Après, je suis revenue à l'hôtel. C'était pas loin. Mais le chemin m'a paru si long. La petite était restée là-bas, elle n'avait pas besoin de voir ça. La honte de ma vie...» Renée s'interrompt. Et tout à coup, Mylène, des larmes dans la voix: «Mais quand comprendra-t-on que tous les Allemands n'ont pas été des salauds qui ont violé des femmes? Et que ces Françaises qui ont couché avec eux n'étaient pas toutes des salopes? Maman s'est sentie coupable toute sa vie!»

Quel crime avait-elle commis? Aimer. Un ennemi. Un boche. Dehors, c'était la guerre. Elle, jeune et belle provinciale, avait osé violer l'interdit. «Amoureuse comme peut l'être une fille de 16 ans, un peu folle, courant la nuit pour le retrouver, sourit-elle, pudique. On se parlait par gestes... Et, un jour, il est parti.» Il était son premier amour. Lui a laissé une bague, sa chevalière. Et un enfant. Il ne le savait pas, ne l'a jamais su. Et Mylène, qui n'a jamais osé en parler pendant soixante ans, ne l'a jamais connu.

Elles sont nombreuses, ces femmes, à avoir noué des relations avec un Allemand pendant la guerre. Des milliers, puisque le nombre d'enfants nés de ces amours clandestines pourrait frôler les 200 000, selon une projection statistique de l'historien Fabrice Virgili, chargé de recherche au CNRS, à partir de deux documents allemands évaluant leur nombre, en 1942-1943, entre 50 000 et 80 000. Pendant longtemps, ce pan d'histoire est resté dans l'ombre: les études qui lui sont consacrées sont toutes récentes. La première thèse de Fabrice Virgili sur les femmes tondues date de 1999. Et c'est en février 2003 qu'est diffusé le documentaire de Christophe Weber et d'Olivier Truc, Enfants de boches, le premier sur le sujet, tandis qu'aujourd'hui paraît un livre de Jean-Paul Picaper et Ludwig Norz. Fruit d'un an d'enquête, Enfants maudits (éd. des Syrtes) vient sonder le vide dans lequel ont grandi ces enfants de la guerre. Et éclaire les ressorts de cette culpabilité qui a suinté à travers les générations, charpenté des drames familiaux, dans l'indifférence générale et les persiflages du voisinage.

L'étau de la honte se desserre. Mais pourquoi avoir attendu tant de temps? «Sans doute parce qu'il fallait que tout le reste soit étudié avant: les déportations, les camps de concentration, les horreurs de la guerre, explique Jean-Paul Picaper. Parce qu'il est difficile, voire embarrassant, de se pencher sur cette zone «grise» des relations sentimentales en temps de conflit. Et parce que c'est seulement maintenant que les enfants, qui approchent la soixantaine, éprouvent le besoin de se libérer, de recoller des bribes d'enfance. Quand, bien souvent, leurs mères sont mortes avec leur secret...»

Car ce qui n'était au départ qu'une relation intime, une folle échappée hors du corset guerrier, mental et social qui ostracisait les filles mères et obligeait à choisir son camp, est devenu séisme dans la vie de ces femmes. Une croix si écrasante à porter que beaucoup n'en ont jamais rien dit à leurs enfants et à leur entourage, ou ont embelli les choses, ou ne le diront jamais. Rares sont celles qui ont accepté de déverrouiller le secret. Et bien plus nombreuses celles qui, d'emblée, ont décliné l'entretien ou se sont rétractées. A quoi bon fouiller le passé, attiser les blessures? Et pourquoi parler à un étranger quand on ferme la porte à son propre enfant? «Ce ne sont que des cendres...», coupe sèchement la mère de Marie quand celle-ci, obstinément, lui pose la question: «Comment était mon père? Dis-moi...» Rempart de silence, contre lequel une enfant de 59 ans se cogne encore aujourd'hui.

«Tu n'avais qu'à suivre l'Allemand!» C'est lors d'un orage entre sa mère et son beau-père, pris d'une crise de démence, que Marie a découvert sa filiation, il y a un an. «J'étais là, dans la cuisine, en train de ranger la vaisselle, j'ai pris ça en pleine figure, raconte-t-elle. Quelques jours plus tard, ma mère m'a écrit une lettre, me disant: «Tu n'es pas la fille d'un voyou mais d'un pharmacien allemand que j'ai passionnément aimé. J'ai eu des relations coupables...»»

Aux questions de Françoise, Angelina, elle, a toujours présenté la même version, coulée dans un stéréotype idéal: «Il était beau, il était pilote et il est mort dans l'avion...» Et puis, rideau. Effacer. Nier. Indicible torture pour une enfant qui a conscience, très tôt, que sa venue au monde a «tué [sa] mère», mais ne sait pas pourquoi, qui la voit «raser les murs», mais en ignore la raison. Et puis un jour, à la soixantaine, elle craque. S'adresse, encore une fois, à sa mère. «Seulement c'était trop tard. Elle mélangeait tout, à cause de la maladie d'Alzheimer. Elle n'a jamais rien voulu me dire, soupire-t-elle, le regard mouillé. Et maintenant, elle ne peut plus...»

Voler un peu d'insouciance

Les mots manquent, parce qu'on les refoule, on les enfouit. Parce qu'il a toujours fallu se cacher, égarer les soupçons. Pour comprendre, il faut se replonger dans l'atmosphère de la France occupée, dans cet ennui poisseux, scandé par le couvre-feu, qui plombe les journées, dans ce climat de suspicion généralisée qui exacerbe la rumeur, du voisinage jusqu'aux tribunaux d'épuration. La rumeur qui court les venelles et cloue au pilori ces femmes que l'on voit, à travers les persiennes, se frotter d'un peu trop près aux hommes de la Wehrmacht. Ils offrent le spectacle clinquant de leurs uniformes et de leurs blindés à une population déchue, humiliée, et à des jeunes filles désireuses de voler un peu d'insouciance à la noirceur. Pressées d'exister, de fuir les travées de la «maudite politique». D'aimer. Si près du danger.

Ont-elles conscience d'aimer des soldats du régime hitlérien? Se doutent-elles, alors, du châtiment qui les menace? Dès février 1942, un pamphlet d'une violence inouïe, publié dans Défense de la France, avertit celles qui oseront «frayer» avec l'occupant: «Vous serez tondues, femelles dites Françaises qui donnez votre corps à l'Allemand, tondues avec un écriteau dans le dos: «Vendues à l'ennemi». Tondues vous aussi, petites sans honneur qui minaudez avec les occupants, tondues et cravachées. Et sur vos fronts, à toutes, au fer rouge, on imprimera une croix gammée...»

Certaines, pourtant, se jettent dans ces liaisons dangereuses. «Nombre d'entre elles travaillent dans l'administration, l'intendance, en contact, au quotidien, avec l'employeur allemand, explique Jean-Paul Picaper. Et elles peuvent franchir le pas par défi, coquetterie ou intérêt matériel. Envie, aussi, de briser les chaînes, de se libérer du carcan patriarcal qui réduit la femme à une fonction domestique et organique, surtout sous Vichy. Et nombreuses sont celles qui ont osé braver le danger par amour.» Hors des sillons de l'idéologie? «On ne peut pas dire de la grande majorité de ces femmes qu'elles étaient des pronazies. Il faut se souvenir que 90% des soldats de la Wehrmacht, surtout les premières années, étaient des appelés, des incorporés de force, qui n'appréciaient pas le nazisme. Ils ont d'ailleurs, eux aussi, couru un risque: enfreindre la loi raciale en vigueur.» Le régime hitlérien prohibe le mariage avec une Française, «non-Aryenne», impure, tout autant que les relations sexuelles avec ces femmes, hors du cadre d'une prostitution sévèrement réglementée. La licence peut s'exercer dans les maisons closes agréées par la Wehrmacht, «cordons sanitaires» et raciaux. Pas dans les cœurs.

Guerre totale, hégémonique, à laquelle des femmes et des hommes ont voulu se soustraire, pourtant. Y compris dans l'oubli de leur patrie. Et dans la plus grande des illusions, celle qui fait de l'amour un talisman contre l'implacable loi de la guerre.

Josef et Thérèse y croyaient, comme d'autres. Il était l'un de ces hommes de troupe qui «n'avait rien à voir avec les SS, trop heureux d'être en France plutôt qu'au casse-pipe sur le front russe», se souvient-elle, rieuse, de beaux yeux bleus éclairant un visage de cygne blessé. Elle travaille dans le bar de sa mère, à Lillebonne (Seine-Maritime). C'est là qu'elle le croise, à 17 ans. Ils se voient la nuit. Lui fredonne La Traviata, sous la lune gonflée de rêves. Sa mère, qui monnaie son corps aux Allemands, ferme les yeux. Et Thérèse tombe enceinte. Promesse de joie? Début d'une immense solitude. Elle se confie à Josef, qui suspend ses visites: trop risqué pour lui. Elle se cherche un travail: aide-ménagère dans un château où résident les Allemands. Et la voilà, enceinte de plusieurs mois, en train de servir la soupe dans la gamelle de son amant, qui fait mine de ne pas la connaître...

"Collaboration horizontale»

Et puis le régiment de Josef est déplacé vers le nord. Thérèse accouche. Non loin, les combats font rage. Par on ne sait quel miracle, elle le voit réapparaître, trois jours plus tard. Sans doute veut-il revenir, bercer sa femme et son enfant... Elle lui dit qu'elle a choisi le prénom de leur fille, Marie-José, en souvenir de lui. Il prend le nourrisson dans ses bras, s'exclame: «C'est un beau bébé!» Et s'évanouit dans la guerre. «Je ne l'ai jamais revu. Mais j'espérais, en secret, qu'il reviendrait...» Ses yeux bleus se tournent vers Marie-José, assise, là, à ses côtés. Des larmes creusent des sillons sur les joues encore rondes de la fille. «C'est toujours aussi dur...», souffle-t-elle, avant de raconter toutes ces années à «attendre que papa revienne, qu'il [la] venge d'un beau-père» cogneur et vicieux. Un tunnel de dépression, à se cramponner à cette idée fixe: retrouver la grotte mystérieuse de ses origines, et s'y blottir.

Sa chance à elle: Thérèse ne lui a jamais rien caché. Elles ont même entrepris les recherches toutes les deux, en 2002, auprès du service des archives de la Wehrmacht, à Berlin, la WASt, qui, depuis quelques années, voit affluer les demandes. 18 millions de dossiers militaires, parmi lesquels on décèle sa trace. Il est mort, en 1984, n'a jamais été marié. Ni enfant ni fratrie. Ni même une photo à laquelle se raccrocher.

A la Libération, la sombre prophétie est mise à exécution. Le châtiment s'abat sur ces femmes accusées de «collaboration horizontale», avec la fureur d'une vengeance trop longtemps contenue. 20 000 femmes sont rasées, dont la moitié pour relations sexuelles avec l'ennemi. Ces orgies expiatoires où la tondue est poussée sur un balcon, hissée sur une estrade, parfois dénudée, marqueront, à jamais, les pages de la Libération. «Le corps n'est plus alors que le stigmate de la trahison, observe Fabrice Virgili, auteur de La France virile (Payot). La chevelure, référence à la sexualité, est taillée. Pour tous, il ne peut être question d'amour, mais de perversion, d'immoralité.»

Mères «fautives», parfois frappées d' «indignité nationale» devant les tribunaux de l'épuration, puis internées. Comme celle de Line, condamnée à dix ans de prison pour «intelligence avec l'ennemi». L'une de ces mères qui refusent de parler... Alors sa fille prend sa défense. Torrent de mots, où rugit la révolte: «A 17 ans, que voulez-vous qu'il y ait eu comme malice politique! On l'a condamnée pour avoir eu un enfant d'un Allemand. Elle a fait cinq ans à Troyes puis au camp de Jargeau (Loiret), où ils mettaient toutes les prostituées non déclarées! Quand elle en est revenue, elle était totalement instable.» Et après? «Après, elle a loupé sa vie.»

La prison? «Elle m'a longtemps poursuivie», murmure Anne, cette autre femme de 80 ans, qui a accepté, avec tant d'hésitation, de raconter son passé. Son acte fou pour Günther, un beau Feldgendarme qu'elle a rejoint, pendant quatre ans, en cachette, dans toutes les villes où il partait en mission. Fille de cheminot, elle peut circuler gratuitement en train. Un jour, il est fait prisonnier, détenu au camp de Cessieu-Crémieux, près de Lyon. Elle lui rend visite, pour lui montrer une photo de leur fils. Et pour l'aider, tente l'impossible: lui remettre une fausse carte d'identité, fabriquée par son beau-frère, qui le fait pour des résistants. Mais voilà que, en tentant de s'évader, Günther se brise une jambe, est repris. Anne est condamnée pour «usage de faux» à six mois de prison, seulement éclairés par la joie d'apercevoir, de sa cage, une fois par semaine, son fils avec sa grand-mère, sur le trottoir d'en face. La grand-mère qui avait payé le directeur du journal local pour que l'entrefilet mentionnant l'emprisonnement de sa fille ne paraisse jamais. «Et il est paru quand même...»

Vouées à la vindicte, souillées d'opprobre, ces femmes n'ont souvent rien compris du déferlement de violence ni rien admis des intentions qu'on leur prêtait. Des traîtresses? Mais pourquoi? «Parce que l'idée qu'elles aient pu s'octroyer du plaisir, échapper à la souffrance commune, en temps de privation, était insupportable, décrypte Virgili. Et parce qu'en temps de guerre totale, ce qui était de l'ordre du privé est devenu public, un acte politique. Pour la patrie, ces femmes avaient symboliquement commis un adultère national. La «collaboration horizontale» n'a pas eu d'effet sur le cours des événements mais a incarné, de manière absolue, la défaite de la France. La France qui se couchait, à travers ses femmes, reflétait comme une deuxième débâcle, renvoyait les hommes à leur virilité défaillante. Et les enfants nés de ces relations avec l'ennemi portaient, symboliquement, en germe, la disparition de la nation.»

Cette image a-t-elle grevé la conscience de ces femmes au point que beaucoup en ont porté la culpabilité toute leur vie? Bien sûr, des mères ont pu assumer avec courage et amour, non sans mal. D'autres ont dû confier l'enfant, que leur entourage rejetait, à l'Assistance publique ou à des familles d'adoption. D'autres, encore, lui ont fait payer sa naissance, en le maltraitant moralement. Ou en faisant de lui une victime expiatoire.

«Je représentais le mal»

Sans doute Raymonde, la mère de Gérard, n'a-t-elle jamais su que le sourire d'un enfant peut offrir la rémission. Sans doute a-t-elle plongé dans les ténèbres quand a disparu son Fritz, l'élégant officier de marine qui avait su faire découvrir l'amour à cette jeune provinciale de Saint-Malo, esclave d'un commerce, obligée de plumer et de vider 12 poulets à l'heure. Car ce qu'elle a fait endurer à son enfant est un calvaire. Et ce fils qui dévide son histoire, dans ce troquet parisien, a dû attendre soixante ans pour purger son incompréhension et sa haine, comprendre le cheminement délirant d'une mère «victime d'une croix trop lourde à porter»: «On m'a décapé, traumatisé, cogné, craché dans la bouche, fait avaler mon vomi, manger des puces, on a moqué mon menton en galoche, on m'a mordu les doigts, fait copier des centaines de lignes, fait jouer la boniche et le souffre-douleur... parce que j'étais enfant d'Allemand. Elle ne me l'a jamais dit mais j'entendais la rumeur.» La sale rumeur qui a pétrifié tant d' «enfants de boches» dans la honte. «Nous avons été considérés comme des intrus, des «tares». Je représentais le mal. Et ma mère, emmurée dans ses mensonges jusqu'à sa mort, a vécu avec une souffrance telle qu'elle me l'a fait partager. Cependant, elle m'a donné la vie. Elle aurait pu avorter ou m'abandonner...»

Mais quelle souffrance a dû étrangler ces femmes pour les acculer à de telles extrémités? Jusqu'à ce jour de février 1999, Anita ne l'avait jamais compris. Elle n'avait jamais compris pourquoi sa mère, muette, elle aussi, sur son amour coupable, remariée avec un ancien résistant, alcoolique et violent, s'était enkystée dans une vie de femme soumise, «victime consentante de son bourreau». Une vie conjugale ponctuée de coups, de soupirs étouffés, de sanglots réprimés, qui lui faisait avaler les pires brimades, durant les dernières années de sa vie. Y compris les heures qu'elle devait passer, recluse dans sa chambre, priant Dieu pour qu'il lui pardonne sa «faute». Y compris ces photos que son mari prenait d'elle, recroquevillée sur un tabouret, après lui avoir rasé les jambes, pancarte aux pieds: «Rasage des jambes de votre mère»...

Et puis cet homme se suicide, en 1999. Sa fille Anita doit ranger les papiers, fouille dans une mallette en bois où ils sont classés. Et tombe, abasourdie, sur l'extrait de son acte de naissance: «Née de père inconnu.» Puis sur un cahier d'écolière, parcouru d'une écriture tremblée, de la main de sa mère. Avec cette phrase, copiée à l'infini: «Je dois expier...» Le voile se déchire, d'un coup sec. Celui que sa mère avait pris soin de tisser toute une vie pour rentrer dans le rang, gravir tous les échelons de la reconnaissance sociale, qui la ferait passer du statut infamant de fille mère et de «putain du boche» à celui de femme mariée.

S'arc-bouter, à tout prix, pour ne pas rester fossilisée dans la honte, le rejet. Anne, l'une des autres mères, enfin apaisée, le dit avec ses mots: «Je pensais que jamais je ne me marierais, que personne ne voudrait de moi. Alors, quand Gaëtan m'a demandée en mariage, je n'ai pas dit non...» Avec tendresse, Norbert, son fils, traduit: «Maman s'était battue pour refaire sa vie, ne réalisant que bien après la portée de son acte. Mon beau-père m'avait reconnu, comme souvent dans ces cas-là. Elle ne voulait plus déranger l'ordre établi et surtout pas réveiller les fantômes.»

Mais les fantômes rôdent encore, quand les enfants, en quête d'identité - comme Françoise, qui se demande: «Suis-je née d'un viol, de la prostitution, de l'amour?» - continuent de chercher leur père. Envers et contre tout. Quand ils trouvent, ils découvrent alors un homme parfois différent du héros de leurs rêves: un homme ordinaire, marié avant et (ou) après la guerre, qui n'a pas pu et (ou) pris la peine de renouer avec son amante passée. Et paradoxalement, dans certains cas, la douleur s'adoucit. «Parce que d'un coup, comme le dit Mylène, on ne court plus, ni mère ni enfant, après une chimère. Parce que la quête se ferme, la boucle est bouclée, parce que ça rééquilibre, réhabilite notre vie, d'une certaine manière.» D'autres supportent mal, au contraire, d'avoir niché leurs rêves dans une cause perdue. Mais quand la chape du secret se brise, quand la vérité émerge, même cruelle, les chimères peuvent enfin laisser la place au monde des vivants.

Et contredire ce qu'écrivait Angelina à sa fille Françoise, pour ses 40 ans, sur sa carte d'anniversaire: «Il y a quarante ans, deux orphelines, toi et moi. Mais moi surtout.»

Post-scriptum

Parmi les 20 000 femmes tondues, 57,5% l'ont été pour «relations sexuelles» avec l'ennemi; 20% pour collaboration économique (marché noir ou travail pour les Allemands); 11% pour collaboration politique ou militaire (membre d'un parti collaborationniste ou de la Milice); 9% pour dénonciation; 2,5% pour avoir eu la nationalité d'un pays de l'Axe (Allemagne, Italie). (Source: La France virile, par Fabrice Virgili, Payot.)

  

       

5-9-2005

 

Die Kinder der Schande

von Jean-Paul Picaper, Ludwig Norz

Piper Verlag GmbH
März 2005
Gebundene Ausgabe
462 Seiten
ISBN: 3492046975

  

Soldaten am Stadtbrunnen

CORNELIUS WÜLLENKEMPER

Im Frühjahr stellte der saarländische Ministerpräsident und Kulturbeauftragte des Bundes für die deutsch-französischen Beziehungen, Peter Müller, gemeinsam mit dem (inzwischen abgelösten) französischen Erziehungsminister François Fillon die Vorbereitung eines gemeinsamen Geschichtsbuches für die Abiturienten beider Länder vor. Dieses „politisch, kulturell und didaktisch einzigartige Projekt“ soll laut Jacques Chirac und Gerhard Schröder „den besonderen Beziehungen zwischen Frankreich und Deutschland“ Ausdruck verleihen und „der Vermittlung und Wahrnehmung der Vergangenheit aus Sicht der jungen Deutschen und Franzosen im zusammenwachsenden Europa“ dienen.

Fast zeitgleich zur Präsentation dieses prestigeträchtigen Projekts einer gemeinsamen deutsch-französischen Geschichtsschreibung erscheint hier zu Lande der Band „Die Kinder der Schande“, in dem eines der letzten Tabus der deutsch-französischen Aussöhnung nach dem Zweiten Weltkrieg gelüftet wird: das Schicksal der Kinder, die aus Liebesbeziehungen zwischen französischen Frauen und deutschen Soldaten im besetzten Frankreich hervorgegangen sind.

Der ehemalige Deutschland-Korrespondent von Le Figaro, Jean-Paul Picaper, und sein deutscher Co-Autor Ludwig Norz betreten mit ihrem umfangreichen Band nicht nur ein bisher gänzlich vernachlässigtes Terrain der deutsch-französischen Geschichte. Sie haben sich auch – und dafür gebührt ihnen Dank – erstmals dem dramatischen persönlichen Schicksal der im Nachkriegs-Frankreich erheblichen Schikanen und rassistischer Verfolgung ausgesetzten „Deutsch-Bastarde“ angenommen. Deren Anzahl beträgt nach Schätzungen etwa 200 000, von denen ein Großteil bis heute in der Anonymität lebt. Es geht also nicht nur um Geschichtsaufarbeitung, sondern mindestens ebenso sehr um eine Minderheit, deren politische und gesellschaftliche Anerkennung hinsichtlich der Europäischen Einigung wohl ein einzigartiges Symbol des oft zitierten gemeinsamen Geschichtsbewusstseins wäre.

In ihrem Pionier-Werk, das beim Erscheinen in Frankreich im vergangenen Jahr eine enorme Welle von Artikeln, Fernsehreportagen und -diskussionen auslöste, stellen die beiden Autoren zunächst anhand der Aussagen von Betroffenen zwölf Lebensgeschichten der Kriegskinder vor. Im zweiten Teil des Buches werden die Lebens- und Liebesbedingungen in Frankreich zu Zeiten der deutschen Besatzung behandelt und die politischen, gesellschaftlichen und historiografischen Versäumnisse der nachträglichen Aufarbeitung dieses dunklen Kapitels auf beiden Seiten des Rheins aufgezeigt.

Die Autoren verfolgen in ihrer Untersuchung nach eigenem Bekunden keinerlei wissenschaftliche Zielsetzung, sondern wollen vielmehr durch Aussagen von Betroffenen auf deren tragische Situation aufmerksam machen und sie ermutigen, neben ihrer französischen auch die deutsche Staatsbürgerschaft zu beantragen. Trotz der „unvermeidlichen Begrenztheit und Relativität einer persönlichen Aussage und den Veränderungen, denen das Gedächtnis im Laufe der Zeit unterworfen ist“, unterlassen sie es dabei ausdrücklich, die Authentizität der Berichte zu überprüfen.

 

„Echte Liebe“

 

Dieses unkonventionelle Herangehen an einen derart schwierig rekonstruierbaren und noch immer stark von Emotionen geprägten geschichtlichen Kontext birgt in der Absicht, das Schicksal der Betroffenen möglichst anschaulich darzustellen, unausweichlich die Gefahr der Verallgemeinerung und Vereinfachung.

Immer wieder erliegt das Autorenduo denn auch der Versuchung, die Belastungen der Okkupation mit stellenweise naiv anmutenden Gemeinplätzen zu relativieren. Die durchaus berechtigte Absicht, dem in Deutschland von Schuldkomplexen geprägten Geschichtsbewusstsein eine Frankreich-kritische Sicht der Besatzungszeit und der damit einhergehenden Kollaboration entgegenzustellen, mündet bei Picaper und Norz so manches Mal in einer grotesken Idealisierung der deutschen Besatzer.

So wird die große Anziehungskraft, die die deutschen Soldaten auf französische Frauen ausübten, damit erklärt, dass sich die „Blüte der deutschen Jugend jung, sportlich, braun gebrannt und mit nacktem Oberkörper am Stadtbrunnen oder an der Dorftränke wuschen“, während die Franzosen, zum Großteil des Schwimmens und Fahrradfahrens nicht mächtig, dagegen hoffnungslos „antiquiert“ und „rückständig“ wirken mussten. Anhand der zwölf im Band vorgestellten Einzelschicksale versuchen die Autoren zudem nachzuweisen, dass die geschätzten 200 000 Beziehungen zwischen Deutschen und Französinnen während der Besatzungszeit „meistens auf echter Liebe“ beruhten. Derartige Vermutungen mögen in Einzelfällen zutreffen, der geschichtlichen Aufarbeitung dienen sie aber kaum.

Picaper und Norz argumentieren wiederholt mit bloßen Annahmen, die die Überzeugungskraft ihrer an sich durchaus interessanten Ausführungen erheblich einschränkt. Gänzlich unerwähnt bleibt beispielsweise der durchaus reale persönliche Vorteil, den sowohl Französinnen als auch ihre deutschen Liebhaber aus einer intimen Beziehung mit dem Feind erst einmal ziehen konnten.

Die rigorose Verfolgung und unmenschliche Bestrafung der Frauen, die der „horizontalen Kollaboration“ beschuldigt wurden, basierte in vielen Fällen auf haltloser Denunziation und diente im Nachkriegs-Frankreich vor allem zur Wiederherstellung einer Zukunftsperspektive der moralisch zerrütteten Nation. Trotzdem scheint es unangebracht, die französischen Frauen generell vom Verdacht der politischen Kollaboration und Manipulation auszunehmen.„Kinder der Schande“ ist ein Zeugnis der tiefgreifenden und ernst gemeinten Aussöhnung zwischen Deutschland und Frankreich und gleichzeitig ein Beweis, wie stark diese noch heute von Emotionen geprägt ist.

 

Text: Frankfurter Allgemeine Zeitung, 23.11.2005, Nr. 273 / Seite 8

Vorboten der Versöhnung
Kinder von Wehrmachtsangehörigen und französischen Frauen

23. November 2005 Jean-Paul Picaper/Ludwig Norz: Die Kinder der Schande. Das tragische Schicksal deutscher Besatzungskinder in Frankreich. Aus dem Französischen von Michael Bayer. Piper Verlag, München 2005. 462 Seiten, 22,90 [Euro]
 

ARNULF BARING

Die Geschichte heimlicher Liebe im nationalsozialistischen Europa ist noch nicht geschrieben. Man vermutet, daß es ein bis zwei Millionen "Deutschenkinder" auf unserem Kontinent gibt. Allein in Frankreich rechnet man mit zweihunderttausend von ihnen, also Sprößlingen deutscher Soldaten und junger französischer Frauen. Allerdings ist man auch hier auf Schätzungen angewiesen, weil sie oft verheimlicht, versteckt, verschwiegen wurden, abgeschoben zu Fremden, freigegeben zur Adoption. Erst jetzt, nach Jahrzehnten, ins Rentenalter gekommen, treten die Deutschenkinder aus dem Schatten der Verfemung, melden sich zaghaft zu Wort. Die Kriegskinder wollen, daß man ihnen ihre Geburt verzeiht und ihr Leben damit einen Sinn bekommt. Denn ihre lange verheimlichte doppelte Abstammung hat traumatische Folgen gehabt, die psychologische Hilfen, psychiatrische Behandlungen notwendig machten.

Niemand leugnet, daß deutsche Besatzer und ihre Helfer Greueltaten begangen haben. Aber das ist nicht die ganze Wahrheit. Die deutschen Truppen benahmen sich nicht wie mittelalterliche Söldner oder wie die Rote Armee 1944/45 in Ostmitteleuropa. Im besetzten Frankreich wurden Vergewaltigungen von der Wehrmachtsjustiz schwer geahndet. Wer vom Kriegsgericht nach 1942 verurteilt wurde, kam in ein Strafbataillon an vorderster Linie der Ostfront, was fast gleichbedeutend war mit dem sicheren Tod. Es waren also überwiegend Kinder der Liebe, die in Frankreich das Licht der Welt erblickten. Bisher hat man die deutschen Soldaten des Zweiten Weltkrieges weithin lediglich als freiwillige oder unfreiwillige Teile einer mörderischen Kriegsmaschinerie betrachtet. Jetzt muß das Bild der Wehrmacht ergänzt werden. In Norwegen, den Niederlanden und Dänemark erlaubte ein Führererlaß den deutschen Soldaten sogar die Heirat mit einheimischen, also "nordischen" Frauen. In Frankreich hingegen waren solche Verbindungen deutscherseits prinzipiell verboten. Hitler sah in Frankreich nie einen potentiellen Verbündeten.

Das einfühlsame, bewegende Buch der beiden Autoren besteht aus zwei Teilen. Im ersten Teil werden einzelne Lebensschicksale ausführlich geschildert, herzzerreißende Lebensläufe abgehandelt. Der mindestens ebenso lesenswerte zweite Teil erörtert detailliert die verschiedenen Faktoren, die deutsch-französische Verbindungen nahelegten.

Eheschließungen im damaligen Frankreich gingen deutlich zurück. Zwei Millionen französische Männer waren gefallen, kriegsgefangen oder arbeiteten teils freiwillig, teils als Zwangsarbeiter in Deutschland. Auf der anderen Seite gab es die Deutschen im Lande. Sie wirkten jung und dynamisch, selbstbewußt, siegesgewiß, zumindest am Anfang der Besetzung. Sie waren besser ernährt, besser in Form, körperbewußter als die Franzosen. Seit dem 18. Jahrhundert lernte man in Deutschland schwimmen, Turnvater Jahn hatte Anfang des 19. Jahrhunderts Freude am Gruppenturnen unter freiem Himmel geweckt. Die Deutschen waren gut erzogen. Es gab sogar Nazibroschüren mit Anstands- und Höflichkeitsregeln, die besonders gegenüber besetzten Völkern in Westeuropa zu beachten waren. "Die Geschichte vom deutschen Offizier, der einer Dame die Ladentür aufhält oder einer alten Französin die Einkaufstasche trägt, ist beileibe keine Legende. Solche Gesten entstammten einer deutschen Höflichkeitskultur, die lange vor dem Dritten Reich entstanden war und leider im heutigen Deutschland weitgehend verlorengegangen ist."

Simone de Beauvoir, die weltgewandte Großstädterin, hat anschaulich geschildert, welch tiefen Eindruck die selbstbewußten, gutaussehenden und dabei höflichen jungen Deutschen in Paris machten. Um so mehr ahnt man, wie attraktiv diese jungen Deutschen auf dem damals noch langweiligen platten Lande gewirkt haben müssen. Die meisten Franzosen lebten Anfang der vierziger Jahre in einem weitgehend dörflich geprägten Land. Man kann sich heute kaum noch vorstellen, wie rückständig seinerzeit die französische Provinz war - ohne fließendes Wasser, ohne Telefon, manchmal sogar ohne Elektrizität. In diese primitiven Lebensverhältnisse brachen die Deutschen wie ein Wirbelsturm ein, verbreiteten aber keine Schrecken. Man hatte ihnen mit großer Angst entgegengesehen, war nun aber überrascht, wie angenehm sie auftraten. Es kam, jedenfalls anfangs, zu einem erträglichen Nebeneinander von Besatzern und Besetzten, ja zu einer Art deutsch-französischer Symbiose.

Nach der Befreiung sah die Sache ganz anders aus. Jetzt galt als "horizontale Kollaboration", was eben noch heimliche Liebe gewesen war. Die betroffenen jungen Frauen fielen öffentlicher Verachtung anheim. Man schor ihnen die Köpfe kahl. Sie wurden durch die Straßen getrieben, oft nackt zur Schau gestellt. Ihre Kinder, die doch wirklich schuldlos waren, wurden mitbestraft. Sie wurden zwar nie formell verurteilt, blieben aber lebenslang mit einem Makel behaftet. Sie verstanden nicht, warum sie die Prügelknaben ihres Umfelds wurden, meinten aber lange, die schlechte Behandlung verdient zu haben. Erst viele Jahre später ebbten die Ressentiments ihnen gegenüber ab.

Bis zum heutigen Tage haben es die französische wie die deutsche Regierung versäumt, diesen Menschen Gerechtigkeit widerfahren zu lassen, ja sie öffentlich als Vorboten deutsch-französischer Versöhnung anzuerkennen.